Février 2024 - Premier regroupement des équipes ou la découverte de l’oeuf mollet
4 structures représentatives de la diversité des profils d'acteur⋅ices et du type d’organisations mettant en œuvre de la médiation numérique en Région participent à l’expérimentation Nouveaux Terrains de Formation :
- la médiathèque de Guérande
- la Ligue de l'Enseignement 85
- Cap Jeunes
- le réseau Grand'R des CFPPA des Pays de la Loire
Présentations et partage des questions et intuitions sur l’expérimentation
Aurélien, référent du réseau Grand’R, arrive avec des questions et des réponses, et espère que l’expérimentation lui apportera de « nouvelles questions et de nouvelles réponses ». Evelyne Foucher, animatrice du réseau, souligne le besoin de méthodologie pour accompagner les équipes des CFPPA.
Emmanuel Lemoine de la Ligue de l’Enseignement insiste sur le besoin de formalisation des échanges entre collègues. Clémentine, directrice de la Ligue, et Laura, médiatrice récemment arrivée en poste, partagent leur objectif de transmettre et formaliser leurs compétences.
Côté Médiathèque de Guérande : Olivier et Axel, médiateurs numériques, souhaitent mieux définir leur rôle de médiation au sein de la médiathèque.
Et pour Cap Jeunes, Timothée et Pascal expriment leur besoin de recul sur leurs pratiques mais aussi de mieux comprendre et saisir les objectifs de l'expérimentation.
Petit rappel des objectifs de l’expérimentation :
Construire de nouvelles manières de se former/former/apprendre et de se rencontrer (entreprises, personnes en parcours – salarié⋅es en intégration/reconversion/mobilité interne, salarié⋅es en insertion… - , formateur⋅ices/Organismes de formation, service public de l’emploi et de l’orientation) en mobilisant de véritables situations de travail : décrire l’activité réelle, se raconter dans la diversité de nos expériences…
Enrichir les parcours et modalités de formation existants et en créer de nouveaux
Faire monter en compétence les formateur⋅ices/médiateur⋅ices et les interlocuteur⋅ices des entreprises/ des structures, et du Service Public de l’emploi, de la formation et l’orientation.
Mais concrètement, on va faire quoi dans cette expérimentation ?
On propose d’alterner des regroupements présentiels (en équipe de 2 structures, et aussi les 4 structures ensemble, comme aujourd’hui), des expérimentations en autonomie, et des regroupements en distanciel.
L’expérimentation va comporter 2 grandes étapes :
• L’étape « analyse de notre activité » : ça sert à quoi et comment on fait ?
Vivre un entretien réflexif, cibler des situations réelles « afestables », la découverte de l’analyse de l’activité en collectif – février-juin 2024
• L’étape « formation en situation » :
Comment, à partir de l’analyse de l’activité on met en place des situations de formation, et des parcours de formation en situation auprès des personnes et au sein d’une organisation – Juillet-octobre 2024
Et pour se mettre dans le bain… la recette de l’œuf poché !
Parmi les mécanismes de la formation en situation de travail, il y a l’entretien réflexif. C’est cet outil qui va permettre d’extraire, de nommer les compétences mobilisées dans l’activité réelle.
Pour cela il faut se replonger dans la situation vécue. Un· intervieweur·euse (un·e collègue ou la personne qui sera en charge de former ses collègues) interroge, selon un protocole particulier, la personne (médiateur·ice numérique) ayant vécu une situation de travail précise.
Isabelle, de la MaFEST, nous invite donc à suivre un entretien réflexif, suite à une situation proposée : celle de faire un œuf poché. Le rapport avec le numérique ? Aucun, mais pour comprendre le mécanisme, il peut être intéressant de se décentrer de sa situation professionnelle, et donc d’une situation de médiation. C’est Timothée qui se prête au jeu !
Les ingrédients d’un entretien réflexif :
- une phase sur le poste de travail
==extrait sonore de la situation== - puis une phase d’entretien réflexif
- ancrage : “Tu te replonges dans la situation du début jusqu’au moment où tu estimes qu’elle est terminée.”
- questionnement de la situation, par des relances telles que :
“Je te propose de prendre le temps de revenir plus précisément sur ce moment ?”
“Quand tu penses avoir bien compris tu comprends quoi ?”
“Ah, tu vas piocher ailleurs ?”
“À quoi tu sais que ça va être compliqué là ? ”
“Quand tu fais ça tu fais attention à quoi ? ”
“Laisse revenir”
“Comment tu t’y prends pour ?”
“Et tu fais ça dans quel but ? ”
“Comment tu évalues ce que tu vois ?”
“A quoi tu sais que ce n’est pas ça ?”
- questionnement de la situation, par des relances telles que :
- Une phase de synthèse : “Je vais récapituler rapidement, et surtout tu me dis si je ne suis pas fidèle à ce que tu as vécu.”
“Est-ce que dans tout ce que j’ai rebalayé il y aurait autre chose qu’il te semblerait intéressant de décrire”
“C’est ça” - Approfondissement, sur certains aspects :
- Gestion des émotions : “Comment tu as géré ton émotion dans cette situation ?”
- Gestes et postures, sécurité : « tu as eu mal ? »
- Phase de questionnement des points d’amélioration, pour l’après, pour les pratiques qui suivront :
- « et si c‘était à refaire, qu’est-ce que tu ferais ?
- “Est-ce que tu vois autre choses que tu ferais différemment”
- Reformulation, synthèse :
“Ok donc si je résume, tu te donnes comme conseil de tester plusieurs fois, tu casserais l’œuf en amont, tu prendrais une louche” - Dernière étape, co-évaluation :
- « Énonce trois points dont tu es satisfait, et trois points de progrès. »
- trois points positifs :
- être allé jusqu’au bout
- respecter le temps
- avoir testé
- trois points de progrès :
- incorporation avec une louche
- essayer avec le vinaigre
- faire des tests avant
- “Je valide tes 3 points positifs” et d’ici la prochaine séquence FEST tu te proposes de faire (point de progrès).
- trois points positifs :
- « Énonce trois points dont tu es satisfait, et trois points de progrès. »
- ancrage : “Tu te replonges dans la situation du début jusqu’au moment où tu estimes qu’elle est terminée.”
Et voilà ;-) !
Durée : 20 minutes environ.
Synthèse de cette première journée d’expérimentation :
Sur l’entretien d’explicitation :
« Les questions permettent une exploration exhaustive de l’activité humaine en situation (ce que tu as pensé, senti, ressenti…). La personne est légèrement en dehors / hypnose du fait de se replonger intensément et précisément dans une situation. »
« Il y a un gros enjeu à ce que l’on choisisse bien la situation à analyser, et il faut qu’il soit partagé par toutes les structures, pour être sûrs qu’il s’agisse bien des communs de l’activité de médiation numérique. »
« Le projet va permettre de venir gratter dans les situations et dans nos têtes. »
« Ce que n’est pas que de la bienveillance, mais c’est un intérêt pour le travail et l’activité et c’est tirer le fil de la situation et voir ce qu’il y a dans sa boîte noire. »
« On ne cherche pas à savoir si c’est bien ou pas bien, mais à comprendre comment on fait quand on le fait. C’est “renversant”.»
Pour Mémoire :
-
Action, MISE EN SITUATION : la personne en formation gère de A à Z la situation, tout en étant observée par son formateur, qui n'est pas là pour juger mais pour repérer les gisements de compétences de la personne. Il y a bien sûr quelques travers : la plupart des personnes en formation ne peuvent s'empêcher de penser à ce que le formateur doit penser de ce qu'elles font... ce qui les met mal à l'aise et leur fait faire des choses qu'elles ne feraient pas si elles étaient seules ; des formateurs qui jugent de manière binaire (c'est bien / C'est vraiment pas bien /). Il est important de retenir que lors de cette séance de la séquence FEST, personne n'est là pour juger qui que ce soit ni pour avoir une posture évaluative. Il s'agit d'une posture COMPRÉHENSIVE, mais elle n'est pas facile à adopter...
-
Séance réflexive en 2 temps :
a. DESCRIPTION DU VÉCU : Laisser revenir, verbaliser ses actes, ses pensées, ses prises
d'information dans la situation, ses décisions, ses gestes, ses mots etc.
b. ESCAR – Et Si C'était À Refaire, comment je m'y prendrais un tout petit peu/beaucoup
différemment, au niveau de la communication, de ma sécurité, de ma posture, etc. -
APPORTS et CONSEILS : jusqu'à présent le formateur n'a fait que poser des questions, que guider… à présent, enrichi de ce qu'il a observé lors de la mise en situation, il va pouvoir donner ses apports, ses conseils, ses anecdotes. La personne en formation mémorise comme elle peut (elle écrit, elle dessine, elle répète...)
-
CO-EVALUATION : la personne en formation énonce ce qu'elle a appris, comment elle s'y prendra la prochaine fois qu'elle se retrouve dans la situation
Paroles des expérimentateur.ices à la fin de cette première journée
« Un vrai regard sur l’expérience. »
« J’ai apprécié de vivre le temps long de la formation. »
« je connaissais déjà la formation en situation de travail mais j’en apprends à chaque fois un peu plus sur cette méthode. Ce qui m’intéresse derrière c’est comment elle participe à de l’ingénierie. »
« Cet outil peut nourrir un référentiel métier et lui donner du corps. »
« J’avais une crainte sur les profils ; est-ce qu’on va avoir des sujets communs pour avancer ensemble et je suis rassuré sur cet aspect et pour la suite. »
Et après ?
D’ici la prochaine fois on va réfléchir aux grandes situations. Que chacun·e prenne ce recul avec cette question “qu’est-ce qu’il faudrait que les médiateur·ices numériques apprennent pour être de meilleurs professionnel·les ?”.
[La suite au Carnet de Bord 4 – mars 2024]
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