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Analyse d'un atelier EMI - NTF carnet de bord 7

Septembre 2024 - Exemple d’une séquence de formation en situation de travail par l'analyse d’un atelier d’éducation aux médias et à l’information

L’expérimentation « Nouveaux Terrains de Formation » rentre ici dans sa deuxième grande phase, à savoir la formation en situation de travail réel, suite à la référentialisation de la compétence à gérer au mieux le type de situation retenu.

Pour rappel, Nouveaux Terrains de Formation (NTF) s’appuie sur l’AFEST, modalité de formation née en 2018 et qui comprend, grosso modo : un cadrage de projet avec la structure qui la met en œuvre, une analyse de l'activité de travail pour savoir à quoi on forme vraiment pour bien travailler et puis des séquences de formation basée sur la réflexivité. Ces séquences de formation sont intégrées à un parcours de formation qui démarre et se termine par une évaluations des acquis.

C’est donc à partir de la fiche-référence produite à l’issue de la première grande phase de NTF que les personnes en formation ont pu, avant la 1ère séquence de FEST, se positionner, se situer par rapport à la compétence visée, telle que décrite dans la fiche-référence.
Nous allons nous pencher ici sur les séquences de FEST visant la compétence : animer un atelier d’éducation aux médias et à l’information, mené par deux personnes différentes, au sein de la Ligue de l’Enseignement 85. L’objectif principal, pour les expérimentateurs de la Ligue était de découvrir in vivo en tant la pédagogie de la FEST, basée sur l’action d’abord, suivie de la description du vécu d’action, pour aller vers les apprentissages et la projection vers une action future, du même type mais dans une situation nouvelle. Précisons que les deux expérimenteurs de la Ligue ont occupé alternativement le rôle de formé.e et de formateur·ice.

1ère étape d’une séquence de FEST : se situer par rapport à la « référence »

La première étape de cette séquence de formation a consisté pour l’apprenant.e à se situer par rapport à la compétence telle que décrite à l’issue de la phase de l’analyse de l’activité : chacun.e a pu auto-évaluer les écarts entre ce qu’il·elle fait et ce qu’il a été convenu qu’il était préférable de faire. Ces « positionnements » d’entrée de séquence FEST ont permis aux 2 protagonistes d’identifier les besoins, du moins dans leurs représentations qu’ils se faisaient de leur compétence respective à animer un EMI…

2ème étape : réaliser l’action de son mieux, en vraie situation

Durant cette étape, le·la formé·e anime l’atelier c’est-à-dire qu’il.elle est en situation et son.sa formateur.ice l’observe, en notant les gisements potentiels de compétence ! En AFEST, le concept même d’erreur n’existe pas puisque si l’humain fait ce qu’il fait c’est qu’il a ses raisons… Quand le formé, lors de la mise en situation, fait quelque chose de « bizarre », voire de « non attendu » ou « non-souhaité » par rapport à la norme écrite dans la fiche-référence, alors le formatrice a le sourire puisqu’elle se dit que l’apprenant va apprendre de son action : c’est le concept de gisement de compétence.

3ème étape : réflexivité

Après l’action, le réfléchissement c’est-à-dire la description du vécu d’action de l’apprenant. La troisième étape de la séquence de FEST consiste pour le formé, à laisser revenir ce qu’il vient de faire, de penser en situation, de repérer, de prendre en compte, de ne pas faire… On est là au plus près du vécu d’action pour partir de là où en est l’apprenant. Cette phase est absolument cruciale car elle permet à l’apprenant.e de prendre consciente de son activité réelle… elle permet au formateur de comprendre la personne qu’il accompagne, en partant de là où il·elle est quand il·elle agit, pense… en situation.
Nous ne questionnons pas les ressentis mais les actes de gestion d’émotion qui traverse évidemment toute action, ainsi que les actes de prise de décision et de prise d’information. C’est l’objectivation de la subjectivité, pour accompagner à partir de l’activité « brute » en première personne. Les deux expérimentateurs de la ligue, en tant qu’apprenant, ont été surpris de découvrir, dans leurs vécus, des prises d’information et de décisions dont ils n’étaient pas conscients et qui pourtant, étaient agissants… Comme par exemple le fait d’être très attentifs au langage non verbal des participants de l’atelier… ou encore de se poser mille questions pour savoir comment réagir face à une réaction d’un participant qu’ils n’étaient pas en mesure de décoder, dans le feu de l’animation…
Pendant cette première phase de la réflexivité, voici ce que dit le formateur : je t’invite à revenir sur le début de ton vécu d’animation de l’atelier… à prendre le temps de laisser revenir… et quand tu y es tu peux commencer à décrire… Le formateur pose ensuite, pour chaque épisode, des questions exclusivement factuelles dont il ne peut pas déroger s’il veut rester dans le vécu d’action factuel : Qu’est ce qui te revient ? qu’est ce que tu fais ? à quoi tu penses à ce moment-là ? Qu’est ce que tu perçois dans ton environnement ? En toi ? Comment tu t’y prends pour gérer tout ça ?
Le premier épisode a été marqué par des aléas, tels que l’arrivée tardive des participants et des problèmes logistiques. Laura a dû faire face à des imprévus, ce qui a mis à l’épreuve sa capacité d’adaptation. Elle a réussi à identifier des signaux d’alarme, mais a parfois eu du mal à les prendre en compte rapidement.
Le deuxième épisode a été consacré à l’introduction de l’atelier. Laura a remarqué un décalage entre les connaissances des participants et les attentes de l’atelier. Ce constat a soulevé des questions sur la gestion du temps et la nécessité d’adapter le contenu aux besoins du groupe.
Le troisième épisode a été centré sur l’animation de l’atelier, où Laura a mis en place des activités en sous-groupes. Cependant, elle a dû faire face à des défis liés à la gestion du groupe et à la compréhension des propos échangés. La nécessité d’une pause a été ressentie, ce qui a permis de rétablir une dynamique positive.
Le quatrième épisode a été marqué par une interaction enrichissante avec les participants, où Laura a pu observer des changements dans leur attitude. La conclusion de l’atelier a été positive, avec une meilleure compréhension des concepts abordés.
Suite à la description brute en 1ère personne, l’apprenant est amené à répondre à la question : si c’était à refaire, comment tu t’y prendrais ? Qu’est ce que tu ferais légèrement ou très différemment ? au niveau de ton organisation, de ta communication, de la technique pure d’animation d’atelier, etc. Laura s’est par exemple rendue compte qu’elle aurait encore mieux préparé l’arrivée à la salle d’animation de l’atelier… Quoiqu’il en soit, l’apprenant apprend lui-même à partir de son action et c’est bien là le plus important : apprendre de son action. Pour faire court, on nomme cette phase de la réflexivité le ESCAR (Et si c’était à refaire).
Laura a souligné l’importance d’une meilleure gestion du temps et d’une répartition plus équilibrée de la parole entre les participants. De plus, elle a exprimé le souhait d’améliorer ses relations avec les partenaires en amont de l’animation.
Emmanuel a souligné l’importance de la réactivité et de la préparation mentale avant l’atelier. La gestion des émotions et l’utilisation de l’humour ont été identifiées comme des outils précieux pour désamorcer des situations délicates.

4ème étape : Apports et conseils

C’est le seul moment de la séquence de FEST où le formateur est en position de « sachant ». Il commence l’animation de cette étape par « Merci à toi pour tous ces détails de ce qui te revient de ton action et tes propositions d’ESCAR… Maintenant je vais te transmettre tout ce que tu peux apprendre à partir de ce que tu viens de faire ». Tu es prête ? ». Cette étape, comme toute, est vraiment importante car c’est l’occasion de se poser à nouveau sur la fiche référence, mais en étant complètement reliés avec l’action tout juste réalisée…

5ème et dernière étape : Co-évaluation

L’apprenant·e énonce 2 ou 3 choses dont il est satisfait dans la manière dont il a procédé pour la mise en situation, puis 2 ou 3 choses qu’il se propose de faire évoluer d’ici à la prochaine séquence de FEST. Ce positionnement final par l’apprenant lui-même est validé par le formateur, ou modifié.
Cet atelier d’éducation aux médias et à l’information a permis de mettre en lumière l’importance de la mise en pratique et de la réflexivité dans le processus d’apprentissage. Les échanges entre les participants ont enrichi l’expérience, soulignant la nécessité d’adapter les formations aux besoins spécifiques des groupes.
À l’avenir, il sera essentiel de continuer à développer des méthodes d’apprentissage innovantes, en intégrant des retours d’expérience et en favorisant un climat de confiance. La formation doit être un espace d’échange et de partage, où chacun peut grandir et évoluer dans ses compétences.

Retour d’Expérience : Les Défis de l’Animation

Lors de l’atelier, Laura, une des participantes, a partagé son expérience. Elle a décrit la mise en situation comme étant stressante, notamment en raison de la présence de caméras et de l’enregistrement de la session. Ce stress a conduit à une dissociation de son esprit, rendant difficile une interaction naturelle avec les participants.
Effectivement, Isabelle, la formatrice-accompagnatrice de l’équipe La Ligue 85-Réseau Grand’R fait remarquer que la mise en situation et la phase réflexive peuvent être stressantes côté formé, surtout la première fois, , car ils peuvent avoir l’impression d’être en situation d’évaluation. La formation en situation doit donc être conçue de manière à ce que chacun se sente à l’aise pour agir et revenir sur son vécu sans crainte de jugement. Il s’agit pour le formateur d’installer un climat de sécurisation psychologique.

Synthèse des Échanges : Importance de la Mise en Pratique

Les échanges entre les participants ont mis en lumière l’importance de la mise en pratique. Evelyne a souligné que la partie concrète de l’atelier est essentielle pour bien comprendre les concepts abordés. En effet, il est souvent difficile de saisir des notions théoriques sans les appliquer dans un contexte réel.
La séquence FEST (Formation En Situation de Travail) a été présentée comme un cadre structurant pour l’atelier. Emmanuel, le formateur, a guidé Laura à travers les différentes étapes de l’animation, en l’encourageant à réfléchir sur son vécu d’action. Cette approche a permis d’identifier des moments clés, appelés « épisodes », qui ont marqué le déroulement de l’atelier.

[Suite au Carnet de Bord 8 – Bilan final de l’expérimentation]

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