Dans cet épisode, nous vous proposons de revenir sur la structuration d’Hyperlien comme projet collectif et maison commune habitée par plusieurs colocataires.
Depuis janvier 2023, l’association PiNG est officiellement locataire des Halles 1&2 gérée par un bailleur, la Samoa, société d’aménagement de la métropole ouest atlantique. Notre association a impulsé le projet Hyperlien et est par conséquent l’interlocuteur privilégié des collectivités et l’acteur moteur pour chercher des financements d’investissement pour l’ouverture de ce lieu. Cependant, nous avons repensé depuis l’été ce projet collectivement et nous avons proposé à d’autres structures amies avec lesquelles nous travaillons déjà, d’habiter le bureau collectif ensemble, de partager un bout de canapé et d’animer la programmation avec nous.
Début 2023, PiNG entame la rédaction d’une convention de mise à disposition des locaux pour formaliser à l’écrit le regroupement des quatre structures sous un même toit. La convention pose les bases d’une vie collective. Elle aborde la mutualisation des espaces, du matériel, des ressources humaines, la gouvernance, la comitologie (ou l’art délicat des réunions) et le pot commun : comment allons nous financer ensemble ce lieu ? quelle part chacun peut-il investir dans le collectif ? en fonction de ses moyens, de son usage des lieux, tout en poursuivant ses propres actions.
PiNG propose le fonctionnement suivant aux colocataires : les frais inhérents d’arrivée dans les lieux (raccordement internet, fabrication d’une signalétique dans les lieux, développement d’outils collectifs d’organisation et de communication, etc.) sont divisés en part égale entre les 4 structures. Les charges courantes de la vie dans le lieu (abonnement internet, consommables communs, etc.) sont proratisés par structure. Afin de répartir ces dernières charges le plus justement possible, un calcul est élaboré pour prendre en compte la taille de chaque association selon deux critères : son chiffre d’affaires et le nombre de personnes par structure qui vont occuper des bureaux. Nous obtenons alors un coefficient applicable au montant global qui permet de déterminer la participation de chacun⋅e. PiNG, porteur de projet, élabore ce calcul interne puis le soumet aux discussions aux colocs.
Lors des échanges entre colocataires, PiNG réalise que cette question du pot commun arrive tardivement dans les échanges et que la somme demandée aux colocs est plus élevée que ce qui était évoqué au début de l’été lors de la proposition initiale. Pour PiNG, il n’est en aucun cas question de remettre en cause la colocation pour des raisons financières. La question financière permet de s’interroger très concrètement sur la définition du commun : qu’est-ce qui est partagé par tous ? Ce qui est partagé l’est-il de la même manière, à la même régularité d’usage ? Un usage similaire définit-il une participation identique ou à hauteur des moyens de chacun⋅e? À ces équations, se rajoute la variable que nous sommes des structures de taille différentes avec des réalités financières variées.
PiNG possède une solide expérience sur la question des tiers-lieux avec le pilotage ces dix dernières années de deux lieux différents : l’Atelier partagé du Breil, atelier de bricolage de quartier et Plateforme C, fablab citoyen et pédagogique. Hyperlien représente un nouveau défi pour nous : le rassemblement dans un même lieu de nos activités (fablab, formations, bureaux d’association, espace de ressources) et une gouvernance collective du lieu. Depuis les licenciements pour motif économique, réalisés sous la forme de départs volontaires fin 2022 et début 2023, chaque membre de l’équipe de PiNG s’est emparé d’une thématique sur Hyperlien : que ce soit le suivi de chantier et de la régie générale, la programmation, les formations, la relation aux colocataires, le montage administratif et financier et la création ex nihilo d’une communication pour ce nouveau lieu. Nous impliquons les colocataires dans plusieurs de ces domaines à différents niveaux. Ce travail représente un investissement temporel important pour toutes les structures, investissement potentiellement sous-estimé lors de l’engagement dans l’aventure par tous⋅tes. L’engagement humain et financier demandé par Hyperlien a été perçue comme trop important pour l’Atelier marie et alphonse. Finalement, l’association a décidé de ne pas déménager ses bureaux à Hyperlien. Cependant, cette dernière prévoit toujours de réaliser différentes activités dans les lieux et a vocation à construire une passerelle pour les publics entre le quartier du Breil et celui de l’île et d’Hyperlien.
L’aventure Hyperlien continue désormais à 3 colocataires : PiNG, le Humanlab de l’APAJH 44 et la Maison du Libre, enrichie de ses échanges sur la construction collective.
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