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Machine Nature Wilderness

Workshop animé par Theun Karelse jeudi 7 et vendredi 8 décembre 2017 autour de la création de dispositifs d’interaction avec la nature

Theun Karelse est artiste, illustrateur, designer et chercheur transdisciplinaire au sein du collectif FO.AM. “Machine Wilderness”, son programme de recherche Art/Science, vise à ré-imaginer le rôle des technologies dans les paysages vivants. En prototypant des robots écologiques et des systèmes hybrides sur le terrain, il explore ce à quoi les machines pourraient ressembler si elles étaient conçues comme faisant partie intégrante de la nature, en harmonie avec ses flux et ses rythmes.

Premier jour – jeudi 7 décembre :

Comment les humains apprennent-ils de la nature ? Les artistes, les scientifiques et les concepteurs ont différentes manières d’observer leur environnement. Dans cet atelier, nous aborderons les moyens d’observer le comportement animal et végétal autour de Nantes, à partir d’un lieu précis. À quoi ressemble la vie quotidienne d’un animal ou d’un arbre : défis quotidiens, opportunités et dynamiques sociales.

Deuxième jour – vendredi 8 décembre :

Les technologies humaines, telles que les machines, ont fini par dominer nos paysages de façon si spectaculaire qu’elles ont affecté presque tous les écosystèmes de la planète. Plus récemment, des systèmes robotiques autonomes sont apparus pour protéger les espèces menacées, pour collecter des données pour la science. Des systèmes qui deviennent partie prenante des écosystèmes, presque comme les animaux. Nous prototyperons des organismes mécaniques par petites équipes pour explorer cet environnement “nantais”.

Documentation des prototypes produits

Récit par Hermès Germe et Fabien Piasecki


7 décembre 2017 – Dans l’atmosphère fantomatique et glaciale d’une École des Beaux-Arts Nantes Saint Nazaire à peine inaugurée, on aperçoit au détour des couloirs du 2e étage un étrange personnage, tout de vert vêtu. On apprendra très vite de la bouche de Julien Bellanger, chargé de développement et de projets au sein de l’association PiNG, qu’il s’agit de l’artiste néerlandais Theun Karelse venu lancer un programme d’activités au long cours : Récits Nature. Il porte une casquette estampillée « Deus ex Machina » mais de nombreuses autres pourraient lui être superposées. Et pour cause. Theun est artiste, illustrateur, designer et chercheur transdisciplinaire. Une espèce d’ovni académique et artistique en sorte.

À l’invitation de PiNG et sous la houlette de Charlotte Rautureau, coordinatrice du programme Récits Nature, il est venu présenter aux étudiants du master Civilisation, Culture et Société, dirigé, par Anaïs Rolez et aux adhérents de PiNG son programme de recherche à la confluence entre l’art et les sciences, Machine Wilderness. On se dit que certains ont vraiment le sens du détail et que la locution latine inscrite sur sa casquette participait déjà de l’atelier. Chapeau l’artiste…

Ovni académique et artistique, écrivions-nous donc pour présenter Theun Karelse. Cette expression pourrait tout autant s’appliquer à l’objet d’étude qu’il est venu présenter. Machine Wilderness. Un oxymore qui titille d’emblée les terminaisons neuronales… Aux États-Unis, la définition de « naturalité » (traduction communément acceptée de « wilderness ») a été figée dans la Loi de protection de la nature – le Wilderness Act – de 1964 comme étant « un lieu où la terre et sa communauté de vie ne sont point entravés par l’homme, où l’homme lui-même n’est qu’un visiteur de passage ». Définition certes figée de l’autre côté de l’Atlantique donc mais laissant la place à des détours puisque certains considèrent qu’un parc créé artificiellement peut aussi faire partie de la naturalité. Pour d’autres, la naturalité peut englober plus largement « l’état sauvage » avec toutes les possibilités d’interprétation que cela offre. On devine alors qu’en y adjoignant le mot Machine, le chercheur néerlandais tous azimuts va nous embarquer dans un univers détonnant. Par définition là encore, le concept de machine renvoie à ceux de façonnage, de construction, d’assemblage, de fonctionnalité, de travail. La machine, ce sont également des usages délibérés à des fins déterminées qu’elles soient utiles ou futiles. Autrement dit, et comme chacun l’aura compris, Theun Karelse veut faire vaciller les certitudes et sortir les destinataires de son atelier de leur zone de confort. Il n’hésitera d’ailleurs pas à inviter les participants à prendre part à des exercices immersifs basés sur la spatialité, la concentration et l’introspection que l’on pourrait un peu hâtivement qualifier d’ésotériques. De prime abord, tout peut donc porter à croire que Theun va nous embarquer dans un capharnaüm intellectuel et artistique mais, assez rapidement, il nous fait pénétrer dans un concept des plus intéressants qui guidera l’atelier, celui d’écologie augmentée.

Depuis l’avènement de l’ère industrielle, les machines ont eu une emprise – pour ne pas dire une domination – chaque jour plus grande sur les paysages. Elles ont corrompu la nature et l’esprit humain à un niveau tel qu’elles sont acceptées dans l’environnement sans autre forme de procès. Ce constat doublé d’un questionnement sur les croisements entre les arts et les sciences nous mènent à Machine Wilderness : robots écologiques, bio-politique, observation des comportements animaux en vue de les imiter, les protéger ou les chasser, développement de systèmes techno-écologiques constituent autant de voies d’expérimentation.

Theun Karelse multiplie les exemples – à interpréter à différents degrés – pour permettre aux participants de proposer leurs propres projets : des machines dans le paysage pour planter des arbres grâce à des drones, machines pour pêcher (avec antenne et reconnaissance des poissons en vue d’une électrocution), robots reconnaissant les mauvaises herbes, robots qui analysent la qualité de l’eau et des mollusques, robots pour nettoyer l’océan, colliers GPS pour analyser les rythmes et les comportements animaux (éléphants par exemple), sonneries de téléphones rejouant des environnements sonores, machines qui communiquent avec des animaux sauvages (tromper ou attirer des oiseaux de proie par exemple), robots qui imitent le son du pic-vert pour protéger les arbres des insectes…

Ces connaissances, une fois distillées, il est temps pour les participants de se jeter à l’eau, au propre comme au figuré : il pleut à pierre fendre sur l’ancienne carrière de Chantenay devenue, pour deux jours, pour l’atelier Machine Wilderness, un théâtre d’observation de la nature se réappropriant un paysage modifié par l’Homme.

Cela donne lieu à un fourmillement d’idées qui mènera, ou non, à un prototypage en fonction des envies et des possibilités des participants. Les concepts manipulés par Theun Karelse et certains de ces prototypes (à vous de deviner lesquels) sont une source d’inspiration pour un méta-récit qui rendra compte du programme Récits Nature.

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