La technologie est souvent porteuse de discours tantôt promoteurs sur les possibilités nouvelles qu’elles engendrent tantôt alarmistes concernant les risques qu’elles pourraient faire peser sur la société. Dans la même perspective, les promesses et les angoisses liées aux outils et à la culture numériques n’ont cessé de se multiplier depuis le tournant des années 2000. Ils pourraient ainsi être la source d’une troisième révolution industrielle (Rifkin, 2012), un outil en faveur de la démocratie (Cardon, 2012) ou encore libérer l’expression des amateurs (Flichy, 2010). Plus récemment, des discours enthousiastes concernant des nouvelles technologies comme le big data, la blockchain ou plus généralement celles qualifiées de profonde (deeptech) ravivent encore cette idée d’un numérique au service du développement et du bien commun.
Si certaines études mettent en relief des évolutions notables liées à l’usage de ces technologies, le séminaire a vocation à aborder le numérique dans une démarche interdisciplinaire et critique en sciences sociales. Par là, il peut s’agir notamment de « dévoiler les contradictions idéologiques et les intérêts cachés derrière les discours sociétaux et organisationnels » (Gurd, 1990, p. 182).
Trois rendez-vous sont programmés : octobre 2020, novembre 2020, mars 2021.
Cycle proposé dans le cadre des séminaires RELIGN / Axe : critique du numérique.
Coproduit avec les structures partenaires du HUB France Connect CONUMM et l’Université de Nantes
I) Approche critique du numérique
Jeudi 15 octobre 2020 à Nantes
Intervenant·es :
- Marc Jahjah, MCF Université de Nantes en Information-Communication
- Caroline Creton, Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, UCO Vannes
- Zeineb Touati, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication)
Animation : Julien Bellanger, chargé de développement de l’association PiNG
II) Sobriété, autonomie numérique et culture critique : vers une décolonisation des technologies ?
Mercredi 25 novembre 2020
En raison de la crise sanitaire, le second temps du séminaire a été remplacé par une demi-journée d’émission de radio, le mercredi 25 novembre de 14h à 18h, diffusé sur le web grâce à http://p-node.org et sur des postes de radio en FM Radio G (Angers) – dab/fm p-node (Paris, Mulhouse). Le programme portait sur une revue de presse culture numérique critique avec des interviews sur la sortie de 3 livres, de publications et d’une exposition.
En collaboration avec CybANjou et les journées départementales Ma vie en numérique.
Alain Giffard et Célia Izoard - Merci de changer de métier, lettres aux humains qui robotisent le monde
Alexandre Monnin et Laurence Allard - Anthropocène et effondrement
Matéo Sorin et Irénée Régnauld - Technologies partout, démocratie nulle part
Caroline Creton et Olivier Ertzscheid - Le monde selon Zuckerberg
Julien Bellanger et Aude Launay - Algotaylorisme
III) Comment se défaire des lianes numériques !
Les 9 et 10 Mars 2021
"Les lianes se caractérisent non seulement par leur poussée extrêmement rapide (elles n’ont pas besoin de former de tronc), mais surtout par leur « formidable puissance d’entrelacement », par leur capacité à tisser et à tramer des réseaux de lignes : « la liane désigne moins un être qu’une certaine façon pour une pulsation végétale d’explorer et de dérouler un territoire au fil de son avancée, en y traçant des lignes inédites ». La force des lianes tient, entre autres choses, à ce qu’elles sont à la fois un facteur d’attachement et d’arrachement. À l’évidence, elles lient et relient ce qu’elles entrelacent au sein de la forêt. Mais elles trament ces attachements en s’arrachant continuellement elles- mêmes à la force de la gravité et, ce faisant, elles arrachent leur environnement à son état premier. La « fugue végétale » des lianes constitue souvent le principal liant dont se tisse la canopée qui reconditionne tout le milieu qu’elle protège d’une ombre salutaire."
Sources : Yves Citton
Au programme :
- Un entretien avec le GRASS (Groupe de Réflexions Autour des Savoirs Situés) par les voix de Yosra Ghliss, docteure en sciences du langage et Axelle Cressens, docteure en philosophie.
- Deux podcasts de Marc Jahjah.
-
Un entretien avec David Christoffel, pour la sortie prochaine de la revue Multitudes ’Esthétiques globalisantes’.
Archive mise en forme par Henri Landré (jetFM) :
Comité scientifique et d’organisation
- Julien Bellanger, chargé de développement à l’association PING
- Caroline Creton, docteure en Sciences de l’Information et de la communication, ATER à l’IUT Information-Communication de La Roche-sur-Yon
- Mathias Guerineau, maître de conférence en management et en innovation à l’IAE de l’Université de Nantes
- Marc Jahjah, Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Nantes (IUT La Roche-Sur-Yon)
- Matéo Sorin, enseignant-chercheur à l’ISEN Yncréa Ouest et sociologue
- Raphaël Suire, professeur en management et en innovation à l’IAE de l’Université de Nantes
Bibliographie
- Cardon Dominique et Smyrnelis Marie-Carmen, 2012, « La démocratie Internet», Transversalités, vol. 3, no 123, pages 65 à 73.
- Flichy Patrice, 2010, Le sacre de l’amateur : sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, Seuil, coll. « La République des idées », Paris, France, 96 p.
- Gurd Goeffrey, 1991, « Pourquoi pas une approche critique et interprétative ? », Communication. Information Médias Théories, vol. 11-1, p. 179-186.
- Rifkin Jeremy, 2012, « La troisième révolution industrielle », Les liens qui libèrent, 380 p.
- Sedda Paola, 2017, « Approche critique : quelle appropriation par les SIC ? », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 11 | 2017, mis en ligne le 01 août 2017, consulté le 18 décembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/3115
- « Explorations numériques », hommage à Nicolas Auray, Dominique Pasquier et plus
- France Aubin et Julien Rueff (dir.), 2017, « Perspectives critiques en communication : Contextes, théories et recherches empiriques », Québec (Québec), Presses de l’Université du Québec
- Payal Arora, 2014, « The Leisure Commons : A Spatial History of Web 2.0 », Routledge
- Philippe Bouquillion et Jacob-Thomas Matthews, 2010, « Le Web collaboratif : Mutations des industries de la culture et de la communication », Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble
- Maxime Cervulle, Nelly Quemener et Florian Vörös, 2016, « Matérialismes, culture et communication – Tome 2: Cultural Studies, théories féministes et décoloniales » 1ʳᵉ éd. Transvalor – Presses des mines
- David Chandler et Christian Fuchs, 2019, « Digital Subjects: Interdisciplinary Perspectives on Capitalism, Labour and Politics in the Age of Big Data », London, University of Westminster Press, éd., Digital Objects
- Paul Jorion, Evgeny Morozov et Julian Assange, 2017, « La toile que nous voulons : le web néguentropique », Bernard Stiegler (éd.) Limoges, France, FYP éditions
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