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L’opensource | février 2014

Audio - 2014
recits - pratiques - recherches
Coulisses du projet d’archives sonores de PiNG

Texte - 2021
récits - pratiques - recherches
Approche réflexive sur le projet d'archives sonores de PiNG

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Approche réflexive sur le projet d'archives sonores de PiNG

Cet article vous embarque au coeur du "sens" et de la dimension "recherche-action" donnés au projet de mémoire collective / archives sonores dans le travail de Maëlle en tant que chargé⋅e de projets et de développement pédagogique au sein de PiNG.
Il s'agit ici de conserver et partager une trace des réflexions de fond, théoriques, critiques; qui ont favorisé l'émergence du projet et qui en ont nourri sa conduite.
L'écriture de cet article a constitué en soi un exercice intéressant pour tisser des liens entre le "faire", le "penser", et le "sentir" en lien avec la démarche "labo commun" portée par PiNG.

Des réflexions autour de la transmission des savoirs à l'oral, de l'apprentissage informel et des traces de récits d'expériences dans les projets et les ressources déjà existantes au sein de PiNG

Transmettre ses savoirs à l'oral, c'est une pratique si courante au quotidien dans les ateliers !
Quand il s'agit par exemple d'apprendre à utiliser une machine ou de réparer un objet électronique; on se parle, on se montre des gestes, on reproduit, on essaye, on rate, on essaye encore, on y arrive enfin...
Petit à petit - chemin faisant- on apprend "des choses" et on partage ses savoirs-faire, des expériences, un bout de soi, de façon bien souvent très informelle...

Dès lors, on créé, sans même s'en rendre compte à l'échelle individuelle, du "commun": des moments partagés, des savoirs-faire mutualisés, de la reconnaissance de capacités individuelles et collectives, des bouts de cultures communes (sur des sujets techniques, sur la culture numérique...et pas que!).

Les récits de projets individuels sont parfois documentés, en cours de réalisation ou à posteriori, souvent d'un point de vue technique et pratique. Les traces de ces réalisations sont rendues visibles sur internet sous des formes écrites, dans les wikis des ateliers par exemple (voir celui de PiNG et celui des Portes Logiques notamment).

Mais qu'en est-il des récits de l'expérience vécue par les personnes qui y passent du temps (en tant que membre, en tant qu'animateur⋅ice, en tant que partenaire sur un projet, ...) ?
Quelles traces pour "ce qui se joue" dans nos ateliers dans le rapport que chacun⋅e entretient avec la technique, le bricolage, l'apprentissage, la transmission? dans le rapport à soi ? aux autres ? à l'histoire collective, plus large, dans laquelle s'inscrit cette expérience individuelle ?
Quelle conscientisation de nos pratiques de "faire" ? Quelle discussion, quel commun, quelle mémoire collective sur ces sujets ?

Au sein de PiNG, il y a bien des publications écrites, comme par exemple :

Il y a aussi de multiples images partagées (sur les sites ou les réseaux sociaux) des vidéos......et...qu'en est-il du son, des voix?

Bien sûr il y a également des chroniques radios réalisées au fil des années par plusieurs membres de l'équipe salariée de PiNG:

C'est d'ailleurs dans le cadre de la première session "radio contre temps" qu'une graine de réflexion sur le projet d'archives sonores au sein de PiNG a germé, "sans faire exprès": l'équipe a recueilli, de façon totalement improvisée, le témoignage oral d'une membre de l'asso qui fréquente l'atelier, sur son parcours de vie, ses pratiques techniques (la couture en l'occurence), la place que ça occupe dans sa vie, et le lien tissé avec l'atelier partagé.
Ce moment, l'équipe l'a vécu comme une pépite, un moment unique où l'on a recueilli une parole libre, singulière, brute, sans filtre, à un instant T. Nous avions le sentiment à l'issue de l'enregistrement que ce moment, cette parole, allait rester "dans nos mémoires". Nous avions aussi conscience que ce fut un moment particulier, de confiance et de partage entre plusieurs personnes, sur des sujets qui, bien au delà de l'anecdote, touchent à l'intime, au "sensible", à nos singularités en tant qu'individu et aussi à ce qui nous rassemble, dans un même lieu, pour une même activité.

Des réflexions au sujet des "tiers-lieux apprenants"

En 2018, Maëlle a lu pour la première fois un texte de JB Labrune, "Tiers-Lieux apprenants".
Le texte met notamment en lumière la question de l'apprentissage, de la transmission, de la mémoire, dans une approche "située" à l'échelle individuelle et collective :

Dans un tiers-lieu, on apprend sur et par soi-même (savoir-être), on apprend de l’interaction avec d’autres (savoir-vivre), on affine des compétences précises et spécialisées (savoir-faire) et on devient petit à petit la mémoire et l’esprit du lieu, en situation de le garder vivant (savoir-transmettre).”

"Une septième dimension de ces lieux, hérité des travaux de Christian Jacob dans les lieux de savoir, consiste à reconnaître leur triple fondation : porosité de leurs parties prenantes, créativité des pratiques (réflexives et génératives), convivialité des échanges (bienveillance et ouverture). Il insiste également sur la grande réflexivité des lieux de savoir, capables non-seulement de pédagogie mais également de retour sur le savoir lui-même, par des logiques d’introspection permettant à chaque lieu de développer des savoirs particuliers, situés."

"Ce n’est pas tant la diversité des participants ou leur situation dans un écosystème ou un autre qui fait leur différence, mais plutôt leur inscription dans une histoire située, avec ses acteurs historiques et ses richesses héritées des générations précédentes qui ont œuvré pour permettre à des apprentissages pertinents par rapport aux lieux de savoir de se développer".

Plusieurs questionnements ont émergé suite à cette lecture: dans nos ateliers, comment incarner concrètement "une mémoire et un esprit du lieu, en situation de le garder vivant" ? Quel cadre peut-on créer pour inviter chacun⋅e à formuler et affirmer une approche singulière, réflexive, sur son parcours, ses pratiques, des "sujets" collectifs ? Quel cadre qui permette à la fois de nourrir un processus de conscientisation émancipateur individuel et collectif ?

Le projet de constitution d'une base d'archives sonores pour PiNG est une première tentative pour répondre à ces questions.

La question des formes d'apprentissage et de transmission informelles, en fil rouge de discussions dans un contexte de réforme de la formation professionnelle

Entre autres composants de l'identité de PiNG et des Portes logiques, il y a le fait que nous sommes deux structures qui agissent également dans le champ de l'éducation formelle au travers d'une activité d'organisme de formation...
Le projet d'archives sonores et la collaboration entre PiNG et les Portes logiques a ainsi émergé dans un contexte où nos activités dans le champ de la formation professionnelle ont été fortement impactées par la réforme en cours de la formation à l'échelle nationale, encadrée par la loi du 5 septembre 2018 "pour la liberté de choisir son avenir professionnel". Ce contexte a favorisé l'échange sur nos pratiques pédagogiques entre nos deux structures, et a nourri notre envie d'amplifier "les voix" de nos lieux singuliers d'apprentissage et de transmission.

Plus en détail, un des impacts très concret de la loi précitée est la nécessité pour les organismes de formation de développer de façon très "normée" une démarche d'amélioration continue. Celle-ci se traduit notamment par l'obligation de faire certifier la qualité des actions de formation (démarche datadock puis qualiopi), pour prétendre à pouvoir faire bénéficier nos publics de la prise en charge des coûts de formations par les OPCOS par exemple.
Ainsi, la mise en conformité de nos activités au nouveau "référentiel national qualité" a été un grand sujet de discussion, de partage et d'entraide entre nos structures.

Comment, pour un tiers-lieu dont l'activité de formation n'est pas l'activité principale, pouvons-nous développer cette démarche de certification et se conformer aux nouvelles exigences de la loi tout en préservant et en revendiquant les spécificités qui font notre force (par exemple, apprentissage et transmission de façon informelle, déconstruction de la posture sachant⋅e / expert⋅e, pratiques issues de la culture libre) ?
Quelles reconnaissances de nos spécificités et de l'impact dans le développement des parcours individuels (formation et apprentissage tout au long de la vie) par les politiques publiques et le monde de l'éducation et de la formation "formelle" ? Quelle complémentarité et quelle entraide pouvons-nous cultiver entre des structures du réseau artlabo, et plus largement dans le réseau des tierrs-lieux et des fablabs sur les aspects pédagogiques, de formation et de certification dans ce contexte ?

Autant de questions qui ont nourri nos échanges et ont fait émerger un partage "situé" de nos expériences, de nos réalités quotidiennes, de nos spécificités, de nos besoins, de nos approches pédagogiques plus ou moins conscientisées...
...et l'envie de (se) raconter sur le mode de la discussion, à l'oral; d'amplifier les voix plurielles au sein de nos structures (publics, partenaires, salarié⋅es, adhérent⋅es...); de faire circuler ces histoires (petites et grandes) dans, hors et entre les tiers-lieux comme les nôtres.

Une posture nourrie par les pédagogies émancipatrices

Non sans lien avec les sujets précédents, je souhaite enfin évoquer ici -en vrac- plusieurs références qui ont nourrit le sens, la posture et la "façon de faire" ce projet. Ces références ont une chose au moins en commun, elles s'inscrivent dans des courants de pensée et d'action qui portent une vision politique et émancipatrice de l'éducation (pédagogies dites critiques, radicales, engagées...).
Attention, pour qui s'intéresse à déconstruire et penser ses pratiques en tant que pédagogue; les écrits, les personnes, les points de vue et les pratiques qui suivent constituent des sources d'inspiration infiniment passionnantes !!

...Bell Hooks, Paulo Freire et Ireine Pereira

- Pédagogie engagée / Bell Hooks

- Paulo Freire, dont les travaux sont largement documentés en France par Ireine Pereira

...les discussions réalisées dans le cadre du projet comme une expérience d'apprentissage "dialogique", dans une posture de pédagogie critique

2 extraits traduits de l'article de wikipédia anglophone "dialogic learning"

Freire : la théorie de l'action dialogique
Paulo Freire (1970) affirme que la nature humaine est dialogique et croit que la communication a un rôle prépondérant dans notre vie. Nous sommes continuellement en dialogue avec les autres, et c'est dans ce processus que nous nous créons et nous recréons. Selon Freire, le dialogue est une revendication en faveur du choix démocratique des éducateurs. Les éducateurs, afin de promouvoir un apprentissage libre et critique, doivent créer les conditions d'un dialogue qui encourage la curiosité épistémologique de l'apprenant. Le but de l'action dialogique est toujours de révéler la vérité en interaction avec les autres et le monde. Dans sa théorie de l'action dialogique, Freire distingue les actions dialogiques, celles qui favorisent la compréhension, la création culturelle et la libération ; et les actions non dialogiques, qui nient le dialogue, déforment la communication et reproduisent le pouvoir.""

Wells : enquête dialogique
Gordon Wells (1999) définit "l'enquête" non pas comme une méthode mais comme une prédisposition au questionnement, essayant de comprendre des situations en collaborant avec d'autres dans le but de trouver des réponses. « L'enquête dialogique » est une approche éducative qui reconnaît la relation dialectique entre l'individu et la société, et une attitude d'acquisition de connaissances à travers des interactions communicatives. Wells souligne que la prédisposition à l'enquête dialogique dépend des caractéristiques des environnements d'apprentissage, et c'est pourquoi il est important de les réorganiser en contextes d'action et d'interaction collaboratives. Selon Wells, l'enquête dialogique non seulement enrichit les connaissances des individus, mais les transforme également, assurant la survie des différentes cultures et leur capacité à se transformer en fonction des exigences de chaque moment social.

...le projet d'archives sonores comme une tentative de démarche de conscientisation en éducation populaire


crédit photo de couverture : copyleft Julien Paris repris de l’article de JB Labrune

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